Je la fis asseoir ; et, m’étant mis à genoux à mon tour, je la conjurai de m’écouter en cet état. Le fil qui le soutenait allait se rompre ; mais, pour mieux faire entendre toutes les circonstances de notre ruine, il faut en éclaircir la cause. Quel sort pour une créature si charmante ! Je n’ai point la présomption d’aspirer à la qualité de votre épouse. Il nous fit les excuses les plus soumises. Mon âme ne suivit pas la sienne. Je pressai Manon de fuir, car nos secours étaient inutiles à un cadavre, et je craignais d’être arrêté par le guet, qui ne pouvait tarder à paraître. Le gouverneur est un homme civil ; il nous a marqué de la considération ; il ne permettra pas que nous manquions du nécessaire. je veux mourir, m’écriai-je, pour finir mes peines !
J’allai l’embrasser avec toutes les marques d’une extrême confusion. « De quoi me plaindrais-je ? Cela lui a permis de retrouver Manon. Je n’entre point dans les raisons qui ont causé votre malheur ; mais, s’il est vrai que vous ayez autant de savoir-vivre que votre figure me le promet, je n’épargnerai rien pour adoucir votre sort, et vous contribuerez vous-même à me faire trouver quelque agrément dans ce lieu sauvage et désert. Après deux mois de traversée, le bateau arrive à La Nouvelle-Orléans.
Je n’en avais pas un seul à remplir.
Je rompis mon épée pour m’en servir à creuser, mais j’en tirai moins de secours que de mes mains. Je me flattais néanmoins que nous pourrions tirer parti de ces deux ressources : des sauvages pour aider à nous conduire, et des Anglais pour nous recevoir dans leurs habitations. » Il s'inspire de sa vie mouvementée dans laquelle il a connu l'exil, la prison, la passion ; thèmes qui seront souvent très repris dans son œuvre. Quelle autre voie pouvais-je m’ouvrir à la vengeance ? Je ne répondis rien. Je me gardai bien de lui en rien apprendre, étant résolu de retourner seul à Paris le lendemain pour chercher quelque remède à cette fâcheuse espèce de maladie. Malgré toute ma fierté, je reconnus qu’il fallait ployer sous le poids de ma fortune, et flatter mon plus cruel ennemi pour en obtenir quelque chose par la soumission. Parmi quantité de voies que j’examinai l’une après l’autre, je m’arrêtai à celle-ci : M. de TCette résolution m’ayant rendu plus tranquille, je payai libéralement la jeune fille qui était encore avec moi ; et, pour lui ôter l’envie de retourner Nous cherchâmes de quel expédient il pourrait se servir pour l’arrêter si longtemps. Je suis encore à savoir si cette crainte n’a pas causé mes plus grandes infortunes en m’empêchant de tenter les dispositions de mon père, et de faire des efforts pour lui en inspirer de favorables à ma malheureuse maîtresse. Le seul valet qui composait notre domestique me prit un jour à l’écart pour me dire, avec beaucoup d’embarras, qu’il avait un secret d’importance à me communiquer. Je ne lui apportais point d’autre motif que le pressant besoin dans lequel je prévoyais que je me trouverais au Les archers devinrent si intraitables lorsqu’ils eurent découvert la violence de ma passion, que, redoublant continuellement le prix de leurs moindres faveurs, ils me réduisirent bientôt à la dernière indigence. lui répondis-je. C’est quelque chose d’admirable que la manière dont la Providence enchaîne les événements. L'amant est effondré par la trahison et l'infidélité de sa maîtresse. Votre pitié à la vue de mes peines fut ma seule recommandation auprès de votre cœur généreux. Je lui dis en l’embrassant : « Manon, ne me trompez point, me serez-vous fidèle ? Mais, continuai-je en réfléchissant sur l’état de mon sort, toute-puissante Manon, vous qui faites à votre gré mes joies et mes douleurs, après vous avoir satisfaite par mes humiliations et par les marques de mon repentir, ne me sera-t-il point permis de vous parler de ma tristesse et de mes peines ? Je vous vois pâle et tremblante ; et je suis encore si sensible à vos moindres peines, que je crains de vous affliger trop par mes reproches.
» Il a voulu savoir de quelle manière je croyais que vous prendriez mon parti, surtout lorsque vous viendriez à savoir que j’étais entre ses mains.
» Laissons craindre aux amants vulgaires, ajoutai-je, les chaînes indissolubles du mariage ; ils ne les craindraient pas s’ils étaient sûrs, comme nous, de porter toujours celles de l’amour.
The Story of the Chevalier des Grieux and Manon Lescaut is a novel by Antoine François Prévost. Elle s'appelle Manon Lescaut. Cependant je persistai dans le dessein de conserver jusqu’à la fin un air de modération, résolu, si l’on en venait aux excès d’injustice, de donner à l’Amérique une des plus sanglantes et des plus horribles scènes que l’amour ait jamais produites.